“Développer l’unité dans la diversité, et la diversité dans l'unité"

Depuis plusieurs années, le secteur des transports en commun est marqué par une pénurie de main-d’œuvre qui s’intensifie. Dans le monde entier, les opérateurs de transports en commun se mobilisent pour faire face aux difficultés de recrutement et de rétention, avec des stratégies innovantes qui prennent en compte les spécificités de leurs régions. Rencontre en Belgique avec André Rappe, Directeur des Ressources Humaines, et Katleen Saenen, HRPB de Keolis à Flandres. Cet article était publié dans la revue Pulse, magazine du Groupe Keolis.

Jet Doevendans Persconferentie

"En Belgique, Keolis intervient dans un cadre politique et géographique particulier. Comment ce contexte affecte-t-il votre approche ?"

ANDRÉ - La composition de notre territoire est en effet assez singulière, avec trois régions distinctes et multi lingues :  Bruxelles-Capitale (français-néerlandais), la Wallonie (françaisallemand) et la Flandre (néerlandais). En conséquence,  nous avons un processus de recrutement décentralisé pour  les postes techniques, tandis que les postes d’employés  sont pourvus au niveau national.

KATLEEN – Cependant, pour faire face aux difficultés que nous rencontrons depuis quelques années, notre approche a évolué. Aujourd’hui, le département RH national collabore avec les agences régionales d’emploi ainsi que les agences d’intérim locales et déploie des recruteurs en province pour apporter un soutien aux équipes dans les régions où le recrutement s’avère complexe. 

"Quels sont les principaux défis auxquels  Keolis Belgique est confronté ?"

KATLEEN – Chaque année, nous réalisons environ  600 embauches, mais nous avons du mal à maintenir à bord ces nouveaux effectifs, en particulier dans le domaine de  la conduite. En effet, nous faisons face à une augmentation  des départs à la retraite, des départs liés à la pénibilité  du travail et de l’absentéisme. Les chauffeurs disponibles  se trouvent ainsi sursollicités.

ANDRÉ – L’un de nos principaux défis est l’attractivité.  Nous travaillons sur notre marque employeur afin de définir de manière plus ciblée l’image que nous souhaitons donner en tant qu’employeur sur le marché de l’emploi belge.  En outre, il importe qu’en termes de rémunération au sens large nous soyons alignés avec ledit marché, pour réussir  à recruter des collaborateurs qui resteront plus longtemps. Nous travaillons également sur la diversité et l’égalité au sein de nos équipes. Notre label GEEIS (Gender Equality European & International Standard) a été renouvelé pour deux ans à la suite de l’audit réalisé cette année. Nous avons progressé en matière d’égalité des genres, de diversité et d’inclusion (notre score est passé de 2/4 à 3/4), et nous continuerons à mettre en place des initiatives dans ce sens.

“La composition de notre territoire est en effet singulière, c’est pourquoi nous avons un processus de recrutement décentralisé et  national.”

- André Rappe, Directeur des Ressources Humaines de Keolis Belgium

André Rappe

" Quelles actions avez-vous entreprises pour améliorer les conditions de travail de ces métiers ?"

ANDRÉ – En juillet de cette année, nous avons mis en place les chèques repas pour l’ensemble des conductrices et conducteurs. Ce n’était pas le cas jusque-là, mais c’était une mesure importante à prendre. En outre, nos collaborateurs employés avaient seulement droit à 20 jours de congés légaux par an. Nous avons donc décidé de leur proposer d’augmenter volontairement la durée de travail hebdomadaire de 38 à 39 heures, pour pouvoir ainsi passer à 26 jours d’inactivité. Cette décision a été bien accueillie. Nous espérons à l’avenir pouvoir travailler sur l’amélioration de la gestion des plannings, à l’image de ce qui est pratiqué en France, avec des outils comme My Keolis Services. 

KATLEEN – La Keolis Drivers Academy nous permet également de proposer des évolutions de carrière aux conducteurs qui souhaitent devenir instructeurs. Depuis 2019, 250 nouveaux chauffeurs ont ainsi pu être engagés, après avoir été formés gratuitement au permis  de conduire d’autobus. Il ne faut pas oublier que le coût de l’obtention du permis a pu être un frein pour  de nombreuses personnes désirant s’engager dans  ces carrières. Nous souhaitons également faciliter  la mobilité interne pour offrir plus d’opportunités d’évolution aux collaborateurs.

"Les défis de recrutement entravent-ils  le sentiment d’appartenance ? Comment créer  un environnement où les collaborateurs se sentent engagés et connectés à leur entreprise ?"

KATLEEN –  Depuis quelques années, nous travaillons  sur notre marque employeur et nous développons notre présence sur les réseaux sociaux. Nous avons déployé plusieurs campagnes pour casser les idées préconçues sur nos métiers en tension, avec, par exemple, des témoignages de collaboratrices et de collaborateurs  sur leur expérience chez Keolis. Nous avons créé avec eux une véritable communauté Keolis sur les réseaux. 

ANDRÉ – Avec les spécificités de notre territoire, il importe  de créer un sentiment d’unité tant locale que nationale. Voilà pourquoi nos 31 entités ont gardé leurs noms d’antan,  pour justement favoriser l’ancrage local. En même temps,  pour cette filiale comme pour toutes les autres, nous avons ajouté Keolis au nom existant. On pourrait penser  qu’il s’agit de détails, mais finalement ce sont des choses  très importantes si l’on veut développer l’unité dans  la diversité, et la diversité dans l’unité. 

Katleen Saenen

“La Keolis Drivers Academy nous permet de proposer des évolutions de carrière aux conducteurs. Depuis 2019, 250 chauffeurs ont pu être formés gratuitement et engagés."

- Katleen Saenen, HRBP de Keolis à Flandres